Au sud de Paris, le campus de la Cité internationale universitaire de Paris accueille des étudiants, chercheurs et artistes du monde entier. Il abrite également le Pavillon suisse, un bâtiment moderne conçu par Le Corbusier et classé monument historique. Une rénovation importante de ce bâtiment a eu lieu en 2018.
Les années 1920 ont vu naître un idéal de paix en réponse aux horreurs de la première guerre mondiale. C’est dans cet esprit et en tant que projet pionnier encourageant l’entente entre les peuples qu’a été créée la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP). Un campus qui s’étend sur plus de 34 hectares et regroupe des maisons rattachées à différents pays et hautes écoles.
Un pavillon d’un genre nouveau conçu par Le Corbusier
La Suisse a décidé dès 1924 d’installer une résidence dans la CIUP. L’instigateur de ce projet est Rudolf Fueter, professeur de mathématiques et futur recteur de l’Université de Zurich. Étroitement associé au monde politique suisse, il est ami avec Le Corbusier, qui accepte de construire la maison suisse avec son cousin Pierre Jeanneret, également architecte. Le Pavillon suisse est inauguré en 1933.
Il s’affirme comme le premier édifice de la CIUP à s’éloigner de la tradition architecturale du pays et à afficher une identité résolument moderne. Le résultat a aussi suscité des réactions mitigées en Suisse. Selon certaines voix critiques, un chalet aurait bien mieux symbolisé la Suisse. La Fondation suisse est l’une des premières créations de Le Corbusier à intégrer tout ce qui caractérise son style architectural. L’édifice est classé monument historique depuis 1986.
Soutien du SEFRI
La Fondation suisse a aujourd’hui le statut d’une fondation au sens du droit français et le Conseil d’administration franco-suisse est présidé par l’ambassadeur de Suisse en France, poste occupé par Livia Leu Agosti depuis septembre 2018. La Fondation suisse bénéfice d’une subvention allouée annuellement par le SEFRI. Cette subvention couvre à la fois les frais de fonctionnement, ce qui permet de proposer des tarifs bas pour les chambres, et les travaux d’entretien du bâtiment.
La Fondation suisse est avant tout une résidence pour étudiants. Elle a une capacité d’accueil de 45 chambres individuelles réparties principalement sur 3 étages. Deux chambres sont directement financées par l’Université de Zurich et le canton du Valais (bourse artistique), qui attribuent eux-mêmes les chambres selon les critères d’admission de la CIUP. Les candidatures pour les 43 autres chambres sont examinées par une commission d’admission dirigée par swissuniversities, sur mandat du SEFRI, et comptant comme membres des représentants des différents types de hautes écoles, un représentant de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES) ainsi que la directrice de la Fondation suisse, Monica Corrado.
Quelque 20 nationalités sous un même toit
Le contingent suisse de la CIUP se compose chaque année de 50 à 60 personnes. Selon le règlement de la CIUP, 30% au moins des résidents d’une maison doivent venir d’autres pays que celui auquel la maison est rattachée. Par le jeu d’échanges entre maisons, les candidats admis dans la maison représentant leur nationalité peuvent être ensuite hébergés dans une autre résidence du site. La Fondation suisse a passé des accords dits de brassage avec 17 maisons et accueille ainsi au moins 18 étudiants venant par exemple du Danemark, du Brésil, d’Inde, d’Allemagne, de Tunisie, des États-Unis et d’Italie.
5000 visiteurs
La Fondation suisse est également un monument à l’architecture particulière. A ce titre, le Salon courbe au rez-de-chaussée, orné de la grande fresque murale peinte par Le Corbusier, et la Chambre témoin au premier étage, préservée avec son mobilier d’origine, sont accessibles au public. La Fondation suisse reçoit chaque année environ 5000 visiteurs.
La Fondation suisse, c’est aussi un espace culturel. Elle organise chaque année près de 30 manifestations publiques telles que des concerts, des expositions, des conférences ou des projections de films. La plupart des manifestations ont un lien avec la Suisse. Outre son propre agenda culturel, la Fondation suisse propose des activités en commun avec d’autres maisons comme Université de la paix, Jazz à la Cité ou AnimaCité.
Pourquoi la Fondation s’est-elle lancée dans ces travaux de rénovation?
Monica Corrado: Lorsque je suis arrivée en 2015, j’ai lu tous les anciens procès-verbaux du Conseil d’administration de la Fondation. Je retrouvais toujours les mêmes critiques de la part des résidents: il manque une véritable salle commune, les cuisines sont trop petites, ce serait bien d’avoir des toilettes dans la chambre. Le Salon courbe, le seul espace commun de la maison, est dans le même temps un lieu public qui peut être visité chaque jour jusqu’à 17 h par des personnes externes. La fresque murale protégée au titre des monuments historiques et le mobilier de Charlotte Perriand, la conceptrice de l’aménagement d’origine, limitent encore plus l’utilisation de cet espace, tout comme les manifestations culturelles qui s’y tiennent régulièrement le soir. D’autre part, avant les travaux, les cuisines ne dépassaient pas 6 m2 et devaient être utilisées par 15 personnes!
Est-ce que c’était la première rénovation depuis 1933?
Les directrices qui m’ont précédée ont effectué de nombreux travaux de rénovation. L’entretien de la maison demande beaucoup de travail, sachant que le bâtiment est aussi un chef-d’œuvre architectural qu’il convient de préserver. Une rénovation si importante, comme cela a été le cas en 2018 avec des travaux qui ont duré huit mois, implique une fermeture complète de la maison et représente un défi financier. Les ressources destinées à l’entretien sont en effet limitées. Par chance, nous avions mis un peu d’argent de côté au fil des années. Nous avons également reçu une aide financière de la Fondation Ernst Göhner et de l’entreprise Rolex.
Sur quels éléments a porté la rénovation de 2018?
En priorité sur les chambres et les cuisines. Chaque chambre comprenait déjà un petit coin salle de bain avec lavabo et douche, qui était séparé de la partie repos et travail par une étagère et une armoire. Dans cet espace, nous avons ajouté des toilettes, changé la douche et le lavabo, et installé une porte coulissante en bois et une paroi en verre laissant passer la lumière. Parallèlement, nous avons plus que doublé la surface des cuisines. La fermeture complète de la maison a été aussi l’occasion pour nous de refaire les canalisations et de changer les câblages.
Quelle a été la réaction des résidents une fois les travaux terminés?
Nous n’avons eu que des réactions positives. Les résidents sont ravis des nouvelles salles de bain avec WC privatifs, mais ils apprécient aussi et surtout d’avoir des cuisines plus grandes, qu’ils voient comme des lieux de rencontre et d’échange entre les différentes cultures et disciplines. Les deux personnes en particulier qui nous ont dit que nous avions eu raison d’entreprendre cette rénovation, ce sont les deux résidentes qui ont déjà séjourné une fois dans notre maison et qui, par conséquent, connaissent l’avant et l’après du Pavillon suisse.
SEFRI News 1/19
Informations complémentaires
www.fondationsuisse.fr
Auteur
Monica Corrado
Directrice de la Fondation suisse