Au travers de l’initiative Formation professionnelle 2030, la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail œuvrent au développement ciblé de la formation professionnelle. Depuis la fin de l’année 2018, les acteurs de la formation professionnelle ont lancé 28 projets dans le cadre de cette initiative. Pour 2020, ce sont jusqu’à présent deux projets qui ont été mis sur les rails, dont TOP entreprise formatrice. Ce projet met l’accent sur les compétences en matière de formation au sein des entreprises.

Les formateurs en entreprise jouent un rôle clé dans la formation de la relève. Ce constat est à la base du projet Renforcement des compétences de formation au sein des entreprises, dont l’objectif est de développer, toutes branches confondues, un système de formation continue destiné aux personnes prenant part à la formation des apprentis et qui s’inscrirait dans le prolongement du cours obligatoire pour formateurs. Les connaissances acquises et les capacités à former un public d’apprentis doivent en effet être élargies et approfondies dans le cadre de cours volontaires.
Ressources pour la pratique quotidienne
Selon une étude de l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP), les formateurs en entreprise n’ont quasiment jamais fait l’objet de recherches alors qu’ils jouent incontestablement un rôle essentiel dans la motivation des apprentis et la pérennisation de la formation. Les responsables de TOP entreprise formatrice (TEF) veulent inverser cette tendance: les cours de formation continue visent à donner la possibilité aux formateurs d’acquérir un bagage méthodologique leur permettant de maintenir l’attrait de la formation au quotidien et de mieux prendre en compte les besoins des jeunes. Les cours fournissent par ailleurs aux formateurs des outils complémentaires pour analyser leur propre pratique.

Développement de l’offre
L’association professionnelle carrosserie suisse a travaillé à l’élaboration du système de formation continue TEF dès 2011 et l’a mis en œuvre à partir de 2014. En 2017, le système TEF a obtenu le prix Enterprize. Ce prix récompense des projets et des personnalités du domaine de la formation professionnelle dont les activités apportent une grande valeur ajoutée à la société. Après s’être vu attribuer la marque de reconnaissance que constitue Enterprize, carrosserie suisse a ouvert son système TEF à d’autres associations professionnelles. Les quatre organisations qui forment l’organe responsable de TEF, à savoir carrosserie suisse, JardinSuisse, Association suisse des entrepreneurs plâtriers-peintres et HotellerieSuisse, s’emploient à développer l’offre et à mettre en place un système de formation continue s’appliquant à toutes les branches et proposant des cours dans toute la Suisse. C’est à cette fin que le projet Renforcement des compétences de formation au sein des entreprises a été lancé à l’été 2020 dans le cadre de l’initiative Formation professionnelle 2030. Il est soutenu financièrement par le SEFRI au titre de l’encouragement de projets.

«La formation en entreprise est au cœur de l’apprentissage»
La fédération carrosserie suisse a lancé TOP Entreprise formatrice (TEF) en 2011. Quelle était l’idée derrière cette démarche?
Les membres de notre fédération se plaignaient d’avoir toujours plus de mal à recruter des apprentis avec de bons profils et à accompagner les jeunes tout au long de la formation. Les résiliations de contrats d’apprentissage devenaient récurrentes. J’ai donc eu l’idée de créer un système destiné à soutenir les formateurs. En effet, les formateurs en entreprise ont un bagage moins bien fourni que celui des enseignants pour ce qui est des compétences pédagogiques. Je voulais changer cela en mettant en place, sur la base d’une participation volontaire, des cours de formation continue et des offres de coaching. Je suis convaincu que ce système contribue durablement à la réussite des formations.
Le système TEF est maintenant un projet de Formation professionnelle 2030.
Quels sont vos objectifs?
Le système a été porté sur les fonts baptismaux par carrosserie suisse et a déjà montré toute son efficacité. Nos membres ont d’abord dû se faire à l’idée de suivre un cours non pas sur la matière qu’ils connaissaient, mais sur la manière d’enseigner cette matière. Une fois ce premier pas franchi, ils ont fait preuve d’une grande ouverture et ont participé activement. Ils ont parlé de TEF à des personnes travaillant dans d’autres branches et nous avons reçu des demandes pour savoir si des entreprises d’autres champs professionnels ne pourraient pas aussi bénéficier de cette offre. Après avoir remporté le prix Enterprize, nous avons décidé d’ouvrir notre système à d’autres professions. Nous allons donc contacter d’autres associations professionnelles et d’autres entreprises. J’espère que nous serons bien accueillis.
Quels résultats espérez-vous?
Nous sommes conscients du fait que les compétences transversales ne sont pas exactement les mêmes pour chaque public cible et qu’elles ne peuvent surtout pas être acquises de la même manière. Par exemple, un artisan ne se comporte pas comme une personne qui travaille dans le social. Nous projetons d’analyser les nuances par champ professionnel afin d’adapter notre offre pour que les participants retrouvent leur propre réalité dans les cours et les supports didactiques et se rendent compte que nous proposons un soutien axé sur la pratique.
Qu’est-ce qui fait que ce projet vous tient tant à cœur?
La formation en entreprise est au cœur de l’apprentissage. Nous devons donc faire en sorte que les formateurs y mettent tout leur cœur. Ils sont nombreux à avoir l’impression de devoir se débrouiller tout seuls face aux attentes élevées des apprentis et des entreprises. Les formateurs en entreprise méritent d’être aidés. N’oublions pas que ce sont eux qui favorisent la socialisation professionnelle des jeunes et qui garantissent ainsi aux entreprises de pouvoir compter sur un vivier de personnel qualifié.
En quoi est-il important de développer la formation professionnelle en Suisse?
Notre système de formation professionnelle est le meilleur au monde. Il a été créé à une époque où le respect de l’autorité était fortement ancré dans la société. De nos jours, toute action dans quelque domaine que ce soit est sous-tendue par des notions telles que l’intérêt qu’elles présentent ou le bénéfice que l’on en retire d’un point de vue personnel. La formation en entreprise ne va plus de pair avec l’idée de contrainte et de pression. Elle doit avoir un sens pour les apprentis, leur permettre de s’identifier à l’entreprise et leur présenter des modèles qu’ils ont envie de suivre. Si nous réussissons à passer de la fonction de maître d’apprentissage à celle d’accompagnateur, cela voudra dire que notre système de formation professionnelle répond à la fois aux exigences actuelles, au but visé et aux attentes quant à l’attrait qu’il est censé exercer. Nous arriverons ainsi à un équilibre entre parcours de formation académique et parcours de formation duale. Le marché a besoin des deux.
Formation professionnelle 2030 est une initiative lancée par les partenaires de la formation professionnelle qui anticipe les changements sur le marché du travail et dans la société et prépare au mieux la formation professionnelle pour l’avenir. Les acteurs ont différentes possibilités de s’investir dans l’initiative. Ils peuvent par exemple soumettre un projet, qui, pour autant qu’il remplisse les critères, peut être soutenu financièrement au travers du dispositif de l’encouragement de projets du SEFRI.
Informations complémentaires
Sina Schlumpf, SEFRI
Responsable de projet, unité Politique de la formation professionnelle