Quand la crise du coronavirus chamboule l’organisation de l’examen

L’examen suisse de maturité est organisé par le SEFRI deux fois par an (été et hiver) dans toutes les régions linguistiques. Il est destiné aux personnes qui souhaitent obtenir le certificat de maturité gymnasiale sans suivre au préalable les cours d’une école de maturité reconnue par la Confédération et par les cantons. La session de l’été 2020 a eu lieu dans des conditions particulières du fait de la pandémie de coronavirus.

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Respect des distances dans des salles plus grandes : l’examen suisse de maturité 2020 à BernExpo.

La quasi-totalité (97 %) des certificats de maturité gymnasiale sont délivrés chaque année par les écoles de maturité : les élèves passent l’examen dans l’établissement qu’ils ont fréquenté. Ce n’est toutefois pas la seule voie. Il est possible, lorsque l’on n’a pas suivi l’enseignement d’une école de maturité reconnue et que l’on souhaite obtenir le certificat de maturité, de se préparer en autodidacte ou de fréquenter une école privée, non reconnue par la Confédération et les cantons. Pour ces personnes, le SEFRI organise des examens sur mandat de la Commission suisse de maturité (CSM). Les candidats libres n’ont pas à passer un examen d’admission ni à remplir les conditions de promotion annuelle.

La particularité des examens pour candidats libres
L’année dernière, juste après la fin de la session d’hiver de l’examen suisse de maturité, la pandémie de coronavirus et l’état de situation extraordinaire déclaré par le Conseil fédéral ont fait peser une incertitude dans toute la Suisse sur la tenue de la session suivante. La question que tout le monde se posait était la suivante : comment garantir le déroulement normal de l’examen en plein confinement ?

Certains cantons ont rapidement décidé d’annuler complètement la session d’été. Les certificats de maturité seraient délivrés non pas en fonction des résultats de l’examen de maturité, mais sur la base des notes obtenues pendant l’année. Mais qu’en serait-il alors des candidats libres, qui n’ont pas fréquenté une école de maturité ? Il s’agissait, et c’est toujours le cas, de ne pas les pénaliser malgré la crise du coronavirus. Le mandat de l’unité Examens de maturité du SEFRI est clair : les examens doivent être autant que possible organisés selon la planification.

Le sauvetage de la session d’été 2020
Au printemps 2020, les responsables des examens ont dû composer avec une foule de questions et de défis :

  • Les réservations de salles d’examen effectuées longtemps à l’avance ont dû être annulées au dernier moment, ou certaines salles se sont avérées trop exiguës pour garantir le respect de la distance sociale.
  • Les risques sanitaires ont dissuadé nombre d’examinateurs et d’experts aux examens de participer à la session d’été. Il devenait de plus en plus évident qu’il n’y aurait pas assez de personnel pour encadrer l’examen.
  • Les écoles proposant une préparation à l’examen de maturité et les candidats eux-mêmes réclamaient des assouplissements pour la session de l’été 2020 compte tenu des mesures restrictives imposées par le Conseil fédéral.

Il semblait dès lors presque impossible d’organiser l’examen dans les conditions habituelles. À cela  s’ajoutait le fait que l’examen, en temps normal, a lieu début juin dans la Suisse italienne, une région particulièrement touchée par la pandémie.

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La solution grâce au droit de nécessité
Sans oublier que le temps pressait aussi dans le reste de la Suisse : le certificat de maturité devait être délivré avant le début de l’année académique. Il n’était par conséquent pas concevable de reporter l’examen. Certaines adaptations étant néanmoins inévitables, la CSM a demandé au Conseil fédéral d’édicter une ordonnance de nécessité afin de pouvoir organiser une session d’examen à l’été 2020 pour quelque mille personnes malgré les restrictions.

Le 13 mai 2020, le Conseil fédéral a donc adopté l’ordonnance de nécessité relative à l’organisation de l’examen suisse de maturité pour la session d’été 2020. Selon cette ordonnance, chaque discipline devait donner lieu à une note, mais aucun examen oral ne devait être organisé dans la mesure du possible. Pour les disciplines impliquant normalement une évaluation écrite et orale, les épreuves orales ont en général été supprimées. Cela a été le cas pour les disciplines fondamentales que sont la langue première, la deuxième langue nationale, la troisième langue et les mathématiques ainsi que pour l’option spécifique. L’ordonnance prévoyait des examens oraux uniquement dans l’option complémentaire, où l’épreuve est toujours orale, en musique et dans la procédure d’examen de la maturité bilingue. La présentation du travail de maturité a elle aussi été supprimée.

Afin de ne pas mettre les candidats en difficulté suite à l’annulation au dernier moment des épreuves orales, il leur a été permis, en cas d’échec à l’examen, de faire annuler les notes obtenues lors de la session d’été 2020.

Une organisation complexe
Toute l’organisation de l’examen a dû être revue durant le confinement, en un temps record et en coordination entre les régions linguistiques. Les aménagements ont demandé un investissement important en temps et en énergie :

  • Pour les disciplines dans lesquelles l’épreuve orale n’avait pas lieu, il a fallu organiser une deuxième correction.
  • Étant donné que les épreuves écrites sont habituellement notées plus sévèrement que les épreuves orales, il a fallu mettre en place un mécanisme de compensation.
  • Pour que les distances minimales soient respectées lors des examens écrits, il a fallu chercher des salles permettant d’accueillir plusieurs centaines de candidats.
  • Il a fallu élaborer des plans de protection en collaboration avec l’OFSP et les cellules de crise cantonales.
  • Concernant le matériel de protection, il a fallu notamment se procurer rapidement et en quantité suffisante des masques, des désinfectants et des parois en plexiglas.

Une autre tâche importante a concerné la communication : il fallait toujours informer les personnes concernées des derniers développements le plus rapidement possible. Les mesures à prendre en cas de maladie au sein de la direction de l’examen, du secrétariat de l’examen ou parmi les examinateurs et les experts aux examens ont été précisées dans des plans d’urgence.

Une session réussie, mais loin d’être un modèle
Lors de l’examen, il n’a pas été nécessaire, par chance, de recourir au plan de remplacement et aucun cas de coronavirus n’a été à déplorer. Quelques candidats et experts n’ont certes pas pu participer car ils avaient été placés en quarantaine, mais l’examen s’est déroulé comme prévu dans l’ensemble.

La CSM a analysé cette session d’été exceptionnelle. Il en ressort que l’ordonnance de nécessité n’a en rien invalidé les résultats des épreuves. La session d’été 2020 s’est déroulée de manière correcte et satisfaisante. La qualité a néanmoins souffert au regard de l’énorme investissement : la suppression des épreuves orales a exclu de l’évaluation un certain nombre de processus et de contenus de formation importants, notamment les questions sur les œuvres littéraires.

Le bilan de cette session extraordinaire peut se résumer ainsi : l’organisation d’épreuves moins complexes a permis d’organiser l’examen pendant la crise, mais cette solution ne peut pas servir de modèle pour l’avenir.

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