Soucieux de soutenir la transformation numérique et conscient des enjeux qu’elle soulève pour tous les acteurs, le Conseil fédéral a fait de la numérisation l’un des trois thèmes transversaux de sa politique FRI 2021-2024. Preuve en est le plan d’action «Numérisation pour le domaine FRI durant les années 2019 et 2020», qui a été mis au point par le SEFRI en étroite collaboration avec les acteurs du monde de la formation et de la recherche. Il appartient désormais à ces acteurs de poursuivre les mesures qui ont été définies.


Photo: Monique Wittwer
La formation, la recherche et l’innovation jouent un rôle central dans le développement, l’application et la mise à disposition des nouvelles technologies. La vitesse à laquelle interviennent les évolutions, notamment numériques, représente ici un défi majeur. C’est pourquoi le SEFRI a développé en étroite collaboration avec les acteurs de la formation et de la recherche le plan d’action «Numérisation pour le domaine FRI durant les années 2019 et 2020». Celui-ci se déclinait en huit champs d’action visant à renforcer les compétences numériques dans la formation et la recherche, l’objectif étant que la Suisse maintienne sa position de pays parmi les plus avancés en matière de développement et d’application des technologies numériques. La Suisse menant une politique FRI clairement axée sur la responsabilité individuelle des acteurs, le plan d’action s’entendait comme une impulsion de départ. Les mesures qui y sont définies ainsi que le financement supplémentaire dont il fait l’objet sont pérennisés durant la période d’encouragement 2021-2024, mais sous l’égide des acteurs eux-mêmes.
Le plan d’action a eu l’impact voulu. En témoigne le tour d’horizon ci-après qui indique, pour chaque projet, la nature des travaux menés, leur portée ainsi que leur état d’avancement. Dans les cas où la Confédération dispose d’importantes compétences liées à la coordination avec les cantons (en particulier dans le domaine de la formation), la présentation des projets s’accompagne d’informations sur les principaux nouveaux domaines d’activité venant compléter les mesures du plan d’action.
Formation
Collaboration en matière de formation
Amplement discutés à tous les niveaux du système éducatif, l’impact et le potentiel de la numérisation font l’objet de toute une série de stratégies et de mesures prévues ou déjà mises en œuvre. La tenue en juin 2019 du premier colloque «Esprit Data» a par exemple permis d’initier un dialogue entre représentants des autorités éducatives, des fournisseurs de technologies et de la pratique éducative. Les éditions 2020 et 2021 étaient largement consacrées à l’utilisation des données de la formation.
Afin d’assurer la cohérence entre les initiatives nationales et cantonales, Confédération et cantons collaborent étroitement, dans les limites de leurs compétences respectives, au sein du comité de coordination «Numérisation dans l’éducation». Dans ce contexte, le SEFRI et la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) ont redéfini le mandat de l’agence Educa en concluant avec elle une nouvelle convention de prestations pour les années 2021 à 2024. Les thèmes principaux sont au nombre de cinq: les technologies éducatives, la sécurité informationnelle et juridique, l’identité numérique, l’utilisation des données et la promotion de l’innovation dans le cadre de l’enseignement. Des exemples concrets de projets sont présentés ici.
École obligatoire
En ce qui concerne la scolarité obligatoire, qui relève de la responsabilité des cantons, les plans d’études des régions linguistiques font référence à des domaines de compétences clés destinés à préparer les élèves au monde numérique. À l’échelon intercantonal, l’Assemblée plénière de la CDIP a adopté en juin 2018 une stratégie pour la gestion de la transition numérique dans le domaine de l’éducation. Une planification des mesures a été arrêtée sur cette base en juin 2019. Les mesures actuellement mises en œuvre concernent par exemple l’utilisation des données dans l’éducation, la mise en place d’un réseau de responsables cantonaux de la numérisation du système de formation ou la création d’Edulog, une fédération des services d’identités pour l’espace suisse de formation.
Gymnase
En 2018, le Conseil fédéral et la CDIP ont décidé que l’informatique deviendrait une branche obligatoire. Les bases légales correspondantes, à savoir l’ordonnance et le règlement sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale (ORM/RRM), ont été révisées et sont entrées en vigueur le 1er août 2018. Tous les élèves des gymnases suivront de ce fait un enseignement obligatoire en informatique à partir de l’année scolaire 2022/2023 au plus tard.
Le projet «Évolution de la maturité gymnasiale» est actuellement mené conjointement par la Confédération et les cantons. Quant aux réflexions sur la révision de l’ORM et du RRM, elles amènent à s’interroger sur la nécessité d’un renforcement de la branche Informatique et sur les modalités d’une telle évolution. Citons également les travaux de révision du plan d’études cadre (PEC) – du ressort des cantons –, dont l’un des volets, qui est consacré à la numérisation, est examiné par un groupe de travail. Les versions révisées de l’ORM et du RRM seront soumises à consultation par le Conseil fédéral et à une audition des cantons en 2022. Il en va de même pour le PEC de la CDIP, mais en 2023.
Formation professionnelle
Centrée sur le marché du travail, la formation professionnelle suisse est directement confrontée aux effets de la numérisation. Les exigences de la transformation numérique sont systématiquement prises en compte lors de la révision des formations professionnelles initiales et sont intégrées aux prescriptions sur la formation.
L’initiative Formation professionnelle 2030 offre elle aussi matière à un large débat sur les chances à saisir, les défis à relever et les mesures à définir. Parmi celles-ci figure l’initiative de la Confédération digitalinform.swiss, une plateforme qui met en avant les projets de numérisation soutenus par le SEFRI. Par cet outil, la Confédération a créé les conditions-cadres qui, au-delà de la promotion de projets proprement dite, permettent un transfert actif de savoir-faire entre projets.
Dans le domaine de la formation des enseignants et des directeurs d’établissements scolaires, le Conseil fédéral a alloué à la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP) des ressources supplémentaires en vue de l’intégration de compétences numériques dans les formations et les formations continues répondant à des besoins en la matière. La HEFP propose ces formations dans son programme «trans:formation».
Formation continue
L’offre de formation continue dans le domaine des compétences numériques est immense. À elle seule, la base de données «formationcontinue.swiss» recense actuellement plus de 9000 offres. Cette diversité permet à tout un chacun de se former selon ses besoins. La Confédération et les cantons jouent un rôle subsidiaire, par exemple dans le cadre des mesures liées au marché du travail ou de la promotion des compétences de base. C’est ainsi que le Conseil fédéral a lancé en 2017 un programme de promotion des compétences de base des adultes sur le lieu de travail.
Dirigé par le SEFRI, le programme a démarré en 2018 et soutient les employeurs qui souhaitent permettre à leur personnel d’acquérir des compétences dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) ou d’autres compétences nécessaires à leur travail quotidien, notamment en lecture, en rédaction, dans la langue officielle locale ou en mathématiques élémentaires. Jusqu’à présent, près de 300 cours ont permis à environ 2750 personnes de mieux maîtriser les compétences de base en matière
de TIC.

Recherche et innovation
Hautes écoles
Dans sa planification stratégique pour les années 2021 à 2024, la Conférence des recteurs des hautes écoles suisses (swissuniversities) a retenu la numérisation comme une priorité. Celle-ci se décline en un grand nombre de mesures, qui ciblent en particulier la formation et la formation continue de spécialistes en TIC ainsi que le renforcement des compétences numériques des étudiants et du personnel scientifique. De plus amples informations sur ce programme se trouvent ici.
Dans le domaine de la recherche, les hautes écoles accordent une grande importance au développement des compétences liées au numérique, notamment aux sciences des données et aux sciences numériques. En parallèle, elles entendent poursuivre l’effort de recherche sur l’impact de la transformation numérique sur l’ensemble de la société. Un autre défi central pour elles est la gestion de l’information dans le contexte de l’approche Open Science, démarche axée sur l’accessibilité, le traitement et l’enregistrement de données et d’informations scientifiques. Une stratégie nationale intitulée «Open Research Data» a donc été établie. Dirigée par swissuniversities, elle est également soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), le Conseil des Écoles polytechniques fédérales (EPF) et les Académies suisses des sciences. Des mesures concrètes de mise en œuvre viennent la compléter jusqu’à fin 2021.
Programme national de recherche «Transformation numérique»
Lancé en septembre 2018 par le Conseil fédéral, le programme national de recherche «Transformation numérique» (PNR 77) a pour objectif principal de mieux cerner les chances et les risques de la numérisation pour la société et l’économie et de mettre à disposition des responsables politiques et de l’administration un savoir opérationnel. Ses axes de recherche sont les suivants: formation et apprentissage, éthique, fiabilité et gouvernance, économie numérique et marché du travail. Le programme court sur cinq ans et son budget se monte à 30 millions de francs au total. Les deux mises au concours lancées par le FNS en décembre 2019 et juin 2020 ont abouti à l’approbation de 46 projets de recherche consacrés à des questions liées à ces trois axes. Les activités de recherche s’étendent sur les années 2020 à 2024. Une synthèse est attendue pour 2026, et les résultats sont entretemps publiés en continu sur le site internet du PNR 77.
Cinquième série de pôles de recherche nationaux
La 5e série de pôles de recherche nationaux (PRN) a été lancée en décembre 2019 par le chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). La Confédération a prévu un budget d’environ 100 millions de francs pour la mise en œuvre de la première phase (2020-2023). Deux PRN sont consacrés à la numérisation: « Dependable Ubiquitous Automation », qui a pour thème l’amélioration de la fiabilité et de la souplesse des systèmes intelligents, par exemple dans les domaines de la gestion de l’énergie, de la mobilité et des techniques de fabrication, et «SPIN», dont l’objectif est de développer des qubits (systèmes quantiques à deux niveaux) à base de silicium plus petits, plus rapides et plus évolutifs pour ainsi jeter les bases d’une nouvelle technologie de traitement de l’information. L’un comme l’autre sont soutenus par la Confédération, le premier à hauteur de 15,7 millions de francs, et le second à hauteur de 17 millions de francs.
Nouvelles chaires d’enseignement
Les chaires de professeur à l’ETH Zurich et à l’EPFL nouvellement approuvées dans le cadre du plan d’action «Numérisation» ont fait l’objet de mises au concours en 2018. Les domaines privilégiés dans ce cadre étaient la cybersécurité, le génie logiciel, les langages de programmation, l’apprentissage automatique et l’analyse en matière de formation et d’apprentissage dans les sciences informatiques. Fin 2020, six des sept chaires pour lesquelles des moyens fédéraux supplémentaires avaient été prévus dans l’optique d’accroître l’expertise numérique étaient. Elles sont venues compléter les nombreux postes que le domaine des EPF dédie aux sciences computationnelles et à l’informatique.
Programme d’impulsion «Technologies de fabrication»
L’objectif du programme d’impulsion lancé par Innosuisse est de soutenir des projets d’innovation à mi-chemin entre recherche et applications industrielles. Sur les 46 requêtes déposées en janvier 2019 dans le cadre de la première mise au concours pour les projets courant sur dix-huit mois, 27 ont été approuvées. Le délai de soumission des demandes pour le deuxième appel d’offres a expiré en mai 2019. Au total, 29 demandes de projets d’une durée de douze mois ont été déposées auprès d’Innosuisse, dont 17 ont été acceptées. C’est ainsi que 44 projets ont été encouragés, parmi lesquels 29 ont été achevés avec succès. Ceux encore en cours ont pour la plupart été retardés par la pandémie. Les demandes soumises à Innosuisse couvrent un très large spectre de thèmes liés à l’innovation dans le domaine de l’industrie 4.0 et des technologies modernes de production.
Réseau national de centres de transfert technologique
La mise en place de centres de transfert technologique pour les technologies de fabrication numériques vise à créer des ponts entre recherche et applications industrielles. Durant la phase pilote 2019-2020, la création et la mise en œuvre de tels centres sont coordonnées par l’association faîtière des centres suisses de transfert technologique, les « Advanced Manufacturing Technology Transfer Centres » (association AM-TTC). Le financement est partiellement assuré par les écoles polytechniques fédérales (EPF). Chaque centre est un partenariat public-privé.
Durant la période d’encouragement 2021-2024, deux des centres mis en place durant la phase pilote sont soutenus à titre subsidiaire par la Confédération en vertu de l’art. 15 de la loi fédérale sur l’encouragement de la recherche et de l’innovation (LERI) pour un montant total de 7,6 millions de francs. L’un d’eux, ANAXAM, est un centre de transfert de technologie qui permet à l’industrie d’accéder à des méthodes avancées d’analyse des matériaux au moyen du rayonnement neutronique et synchrotron. L’autre, le Swiss m4m Center, développe et fabrique, à l’aide de l’impression 3D et moyennant des coûts modérés, des implants personnalisés, ce qui ouvre de nouveaux horizons à la technique médicale suisse. À partir de 2022, l’octroi de contributions fédérales à d’autres centres de compétences technologiques spécialisés dans l’«Advanced Manufacturing» sera étudié sur la base des critères définis à l’art. 15 LERI ainsi que des recommandations de l’association AM-TTC Alliance et du Conseil suisse de la science (CSS).
Pôles nationaux de compétence en recherche énergétique (SCCER)
Dans le cadre du plan d’action «Recherche énergétique suisse coordonnée», Innosuisse a dirigé et financé, conjointement avec le Fonds national suisse et l’Office fédéral de l’énergie, la mise en place et le fonctionnement d’un réseau de centres de recherche interuniversitaire, les pôles nationaux de compétence en recherche énergétique SCCER (Swiss Competence Centers for Energy Research). Dans l’optique d’accélérer la numérisation, Innosuisse a évalué quatre propositions de projet des SCCER. Elle en a soutenu deux dans le domaine des réseaux et de la mobilité à hauteur de 3 millions de francs au total pour les années 2019 et 2020. Ces deux projets sont à présent parvenus à leur terme.
Dans le domaine des réseaux, le SCCER Future Swiss Electrical Infrastructure (SCCER-FURIES) a réfléchi à l’infrastructure électrique de demain et, dans ce contexte, à certains aspects tels que l’évaluation des big data, les techniques d’apprentissage automatique applicables à l’exploitation et à la maintenance des réseaux, le développement de systèmes et de mécanismes d’échange d’électricité ainsi que les cyberrisques pour l’infrastructure.
Quant au SCCER «Efficient Technologies and Systems for Mobility», il a consacré l’un de ses projets à un véhicule muni de capteurs permettant à celui-ci d’être autonome. Les tests en conditions réelles ont été effectués sur une piste d’essai du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa). L’impact des véhicules électriques sur la stabilité du réseau électrique a fait lui aussi l’objet de recherches et a donné lieu à divers scénarios d’optimisation.

Outre la numérisation, le Conseil fédéral a défini dans le message FRI 2021-2024 deux autres thèmes transversaux dont l’importance s’étend à tous les domaines d’encouragement: le développement durable et l’égalité des chances (équité). La mission poursuivie est la suivante:
- La politique FRI contribue à un développement durable dans tous les domaines. Elle participe ainsi à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 de l’ONU et pose les bases nécessaires à l’élaboration de la «Stratégie pour le développement durable 2030» du Conseil fédéral.
- La Confédération s’engage en faveur d’un système éducatif équitable dans le cadre de ses compétences et de la collaboration avec les cantons. Elle poursuit ses efforts pour réduire les discriminations et les inégalités dans tous les domaines de la formation, de la recherche et de l’innovation relevant de sa compétence.
Informations complémentaires
Numérisation dans le domaine FRI
Plan d’action «Numérisation»: Christian Busch, SEFRI
Conseiller scientifique
unité Innovation
Formation: Alice Leibundgut, SEFRI
Responsable de projet
unité Coopération et recherche en matière de formation
Hautes écoles: Suzanne Monnier, SEFRI
Conseillère scientifique
unité Politique des hautes écoles
Recherche: Daniel Marti, SEFRI
Conseiller scientifique
unité Recherche nationale
Innovation: Kathrin Kramer, Innosuisse
Responsable des programmes d’encouragement